L’exposition Temps de collectes se contemple comme un trésor ; un de ces trésors qu’on masse pour soi dans un musée intime et qui regorge d’objets réunis par la seule force de notre regard.
Trésors de cailloux roulés par la mer que l’on ramasse au bord de l’eau : des pierres précieuses. Cartes postales surannées envoyées à des inconnus que l’on trouve dans un vide-grenier : des documents rares. Tableaux admirés, Matisse, Marquet, qui hantent notre esprit avec la persistance de l’oeil ébloui : des œuvres d’art oubliées.
Frédéric Khodja amasse, ramasse, collectionne, regarde, oublie et se souvient. Ses souvenirs deviennent ensuite la matière avec laquelle il construit son Collioure. Un Collioure forcément partiel, morcelé, fragmenté… déconstruit.
Et sur ce Collioure en friche pousse une floraison un peu sauvage de fleurs des champs. Des fleurs qui n’enchantent pas les vitrines bariolées du fleuriste mais offrent leurs beautés fragiles et leurs parfums discrets à nos promenades intimes. Des fleurs dont il faut s’approcher pour saisir la ligne juste, la finesse des correspondances colorées, les échos d’une oeuvre vers une autre, les passages et les chemins.
Et c’est alors à chacun de renouer avec la joie presque enfantine de la récolte et de constituer son bouquet de souvenirs éclatés et ici amassés.